Faut-il avoir peur des protéines ?

Quand on commence Ă  s’intĂ©resser Ă  l’alimentation cĂ©togĂšne ou lowcarb, l’un des premiers arguments auquel on se confronte chez les non-initiĂ©s, outre celui de l’excĂšs de gras, c’est celui de la dangerositĂ© des protĂ©ines.

Au fur et Ă  mesure de ses apprentissages et de ses lectures, on se rend vite compte que les croyances sur le sujet sont erronĂ©es, comme la plupart des croyances en matiĂšre de nutrition, cette science Ă©tant l’une de celle qui a fait l’objet du moins d’Ă©tudes… Mais je vais vous Ă©pargner les arguments des pro-carnivores – dont je suis – et rester sur des choses trĂšs simples dans cet article, basĂ©es sur des informations publiques, admises et reconnues par les autoritĂ©s de santĂ©.

Je me suis donc basĂ©e sur cet article au sujet des protĂ©ines Ă©mis par l’Agence Nationale de la SĂ©curitĂ© Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (oui, du Travail, je sais, c’est Ă©trange), qu’on connait sous l’acronyme ANSES et qui est la source de rĂ©fĂ©rence, via sa table Ciqual, des valeurs nutritionnelles des aliments en France.

Alors, faut-il vraiment avoir peur des protéines ?

Premier fait : on confond apports recommandés et quantité idéale.

Lorsque les organismes comme l’ANSES dĂ©terminent les apports journaliers recommandĂ©s, il s’agit toujours d’un minimum pour Ă©viter les carences. Pas de quantitĂ© idĂ©ale et encore moins de quantitĂ© maximale !

L’article qui Ă©voque « que la rĂ©fĂ©rence nutritionnelle en protĂ©ines des adultes en bonne santĂ© (RNP) est de 0,83 g/kg/j. » parle donc de la quantitĂ© minimale nĂ©cessaire pour rester en bonne santĂ©.

Un peu plus loin, l’ANSES Ă©voque mĂȘme une quantitĂ© minimale de 1g par kilo pour les femmes enceintes, allaitantes ou les personnes ĂągĂ©es… Et pour tout vous dire, certaines Ă©tudes plus rĂ©centes Ă©voquent mĂȘme 1,2g par kilo minimum pour Ă©viter les carences, mais j’ai promis de rester sur des informations officielles non-partisanes.

DeuxiĂšme fait : la quantitĂ© raisonnable admise est bien plus importante que ce qu’on imagine.

Toujours d’aprĂšs l’ANSES, donc, « Il est difficile, compte tenu de l’insuffisance de donnĂ©es disponibles, de dĂ©finir une limite supĂ©rieure de sĂ©curitĂ© pour l’apport protĂ©ique« . Eh oui. On ne sait pas, pas assez d’Ă©tudes sur le sujet…

Ce qu’on sait en revanche, et que l’ANSES exprime c’est que « dans l’état actuel des connaissances, des apports entre 0,83 et 2,2 g/kg/j de protĂ©ines (…) peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme satisfaisants pour un individu adulte de moins de 60 ans. »

Et oui, jusqu’Ă  2,2g de protĂ©ines par kilo de poids, c’est « satisfaisant ». Ce n’est mĂȘme pas une limite, sĂ©mantiquement !

Du coup, dans les faits, faut-il avoir vraiment peur des protéines ?

RĂ©flĂ©chissons, sur la base de ces faits et de ces recommandations officielles… Si je pĂšse 72kg et je souhaite consommer 2g/k/j de protĂ©ines – ce qui reste dans la quantitĂ© satisfaisante fixĂ©e par l’ANSES – je dois donc consommer 144g de protĂ©ines par jour.

Pour vous donner une idée, on pourrait trouver 144g de protéines dans :

  • 6 steaks hachĂ©s,
  • 20 oeufs,
  • 20 tranches de jambon blanc,
  • ou un petit poulet rĂŽti entier.

En gros, avec une teneur moyenne en protĂ©ines de 25g pour 100g de viande ou de poisson, je peux manger – tout en restant dans la quantitĂ© satisfaisante fixĂ©e par l’ANSES – 570g de viande par jour.

Soit 2 oeufs et 2 tranches de jambon au petit-dĂ©jeuner, une belle entrecĂŽte de 220g Ă  midi, une grosse boĂźte de thon en encas et un trĂšs beau blanc de poulet de 200g le soir ! Ca vous semble beaucoup ? Pourtant, c’est ‘satisfaisant’, c’est pas moi qui le dit, c’est l’ANSES !

Et cela correspond Ă  peu prĂšs Ă  ma rĂ©alitĂ© de viandarde, mĂȘme si je dĂ©passe rĂ©guliĂšrement. Mais ce n’est pas si grave puisque mĂȘme l’ANSES le dit : jusqu’Ă  2,2g/k/j, c’est ‘satisfaisant’.

ArrĂȘtez donc d’avoir peur ou de vous arracher les cheveux quand vous dĂ©passez vos macros en protĂ©ines (d’autant qu’elles sont fixĂ©es arbitrairement de maniĂšre erronĂ©e la plupart du temps et que NON, elles ne se transforment pas en sucre, contrairement au mythe qui circule, mais c’est un autre sujet que je traite dans cet article sur la nĂ©oglucogĂ©nĂšse) !

Coucou, tu me vois ?

Je pourrais ajouter le couplet ‘pro carnivore’, qui n’est que mon avis et celui de nombreux pratiquants du cĂ©to, et vous rappeler que les protĂ©ines sont Ă©galement une excellente source de nutriments, qu’elles sont indispensables Ă  maintenir votre organisme en fonctionnement, qu’elles apportent la satiĂ©tĂ© et doivent Ă  ce titre constituer la base de votre alimentation rĂ©duite en glucides.

Mais je ne le ferai pas, parce que j’ai dit que j’allais rester factuelle et me baser uniquement sur les recommandations nutritionnelles officielles pour vous rassurer : NON, il ne faut pas avoir peur des protĂ©ines !


PS : Bien entendu, mĂȘme si elles proviennent d’un organisme officiel, les recommandations Ă©voquĂ©es dans cet article ne peuvent remplacer l’avis de votre mĂ©decin, qu’il faudra absolument consulter Ă  ce sujet, notamment si vous prĂ©sentez des pathologies ou des troubles pouvant nĂ©cessiter un contrĂŽle de la quantitĂ© de protĂ©ines Ă  consommer.